Analyse

Quelles perspectives d’inflation pour la grande consommation en 2023 ?

Analyse

Quelles perspectives d’inflation pour la grande consommation en 2023 ?


En 2022, les hausses de prix sont de plus en plus fortes. Depuis le début des hausses en mars, l’inflation atteint +9.35% en octobre sur les produits de grande consommation, par rapport à octobre 2021 – et sans perspective de baisse à court terme.

Ainsi après chaque publication de notre note d’inflation, la même question revient : jusqu’où ces hausses vont-elles grimper, et jusqu’à quand ? Avec la barre des 10% franchie sur l’ensemble des produits de grande de consommation, qui se transforme même à 15% dès lors que l’on se concentre sur les références stars des paniers (source Editions Dauvers / A3 Distrib), la question est évidente.

La réponse l’est beaucoup moins, tant les facteurs économiques, politiques et géopolitiques, sont nombreux et incertains. Une certitude cependant, nous n’avons pas encore atteint le pic, dans la mesure où bon nombre de distributeurs n’auront pas d’autre choix que d’aller plus loin.


Quels facteurs sont à prendre en compte ? 

Pour réaliser cet exercice de prévision, nous avons donc considéré des facteurs d’ordre économique, concurrentiel, politique et géopolitique – qui pourraient potentiellement influencer l’inflation de la grande consommation en 2023. 

1) la filière agro-alimentaire depuis l’amont 

  • La hausse actuelle des prix reflète avant tout la hausse des prix des producteurs, largement liée aux tensions sur les matières premières, dont les cours ont grimpé jusqu’en juin 2022.  
  • D’après l’OCDE, la France est l’un des pays où la hausse des coûts de production a été la moins répercutée sur les prix à la consommation, notamment via le bouclier énergétique. 

2) le contexte concurrentiel entre les enseignes de distribution 

  • La relation entre compétitivité prix et performance commerciale n’a jamais été aussi forte, preuve en est le succès de Leclerc, Aldi, Lidl ou encore Action, ces enseignes affichant toutes des gains de parts de marché depuis plusieurs mois. 
  • En France, comme ailleurs en Europe, beaucoup de distributeurs n’ont ainsi pas répercuté ou uniquement partiellement la hausse de leurs propres coûts de fonctionnement – à commencer par la revalorisation du SMIC, de l’ordre de 8% en cumulé sur 1 an, et qui pourrait encore s’apprécier dans les mois à venir. 
  • Elles ont ainsi choisi de « sacrifier » toute ou partie de leur marge, pour fidéliser leurs clients – mais si une enseigne veut garder des capacités d’investissement, cela ne peut qu’être une solution de court terme, l’investissement par la dette étant rendue plus compliqué par la hausse des taux d’intérêt. 

3) l’environnement politique et énergétique 

  • Vient enfin la question énergétique, à laquelle pourrait répondre le gouvernement. La hausse du coût de l’électricité, qui touche industriels comme distributeurs, peut représenter plusieurs centaines de milliers d’euros de coûts incrémentaux pour un magasin.  
  • Dès lors il est aisé de comprendre les velléités de rationalisation de l’assortiment, et de limitation de la distribution des prospectus papier, qui en plus de la justification environnementale, peut représenter un poste d’économie non négligeable pour un point de vente (si l’on met de côté l’impact sur le chiffre d’affaires). 

Jusqu’à +13% au printemps 2023 pour l’inflation des PGC 

Dès lors, avec beaucoup de prudence du fait des incertitudes évoquées au préalable, il est tout à fait plausible que l’inflation atteigne son pic vers mars/avril (aux alentours de +13%), avant de revenir progressivement à l’équilibre d’ici fin 2023. 

Bon nombre d’arguments exposés peuvent être débattus, mais il en est un qui est implacable : mathématiquement, si l’on garde les niveaux de prix actuels, les produits alimentaires seront encore très nettement inflationnistes au moins sur le 1er semestre 2023.