Le marché du bricolage et du jardinage
Confinements, augmentation du temps passé à la maison, télétravail : nous accordons davantage d’importance à notre logement. Nos intérieurs et nos extérieurs ont été davantage bichonnés pendant la crise sanitaire, une habitude qui s’est ancrée dans notre manière de consommer et d’envisager nos habitations. Le panier moyen sur les catégories bricolage et jardinage est passé de 112 € en 2018 à 120 € en 2020 – avant de retomber à 115 € en 2022.
Certains acteurs ont vu leur panier moyen exploser.
Le marché a vu arriver de nouveaux jardiniers : pour la plupart novices, ils recherchent le plaisir du jardinage mais sans les contraintes. Peu de matériel, quasi aucune connaissance pratique – ils sont dans l’attente de conseils, de produits simples d’utilisation, et surtout, d’accompagnement.
Les acteurs du marché ont compris l’opportunité business et ont repensé leurs offres.
Jardiland propose des services
Jardiland s’est lancé dans la vente de services : montage de mobilier de jardin, plantation d’arbres, rempotage de plantes, création de potager… L’objectif est de renforcer la relation de proximité et de conseil avec les clients. La marque ne se contente plus de proposer des produits, elle accompagne ses clients jusque chez eux, pour les aider à se sentir bien dans leur intérieur.
Botanic propose le même genre de services : une communauté d’experts pour l’entretien de l’aménagement des extérieurs des clients.
Une manière de pousser le curseur un cran plus loin, et d’être plus qu’une boutique de jardinerie.
Casto investit les centres-villes
La nouvelle cible des acteurs du marché du bricolage et du jardinage, c’est les habitants des villes. Ceux qui ont le plus souffert des confinements et qui ont le plus investi dans l’aménagement de leurs lieux de vie.
En réponse à ce nouveau besoin, Castorama s’implante en centre-ville avec Casto. Plusieurs Casto ont ouvert : le premier à Lille, suivi par quelques autres magasins dans des lieux stratégiques. Des magasins de proximité, en moyenne 3 fois plus petits que les magasins Castorama classiques de périphérie. L’idée, c’est de séduire une clientèle urbaine avec des produits et des solutions simples – les indispensables du quotidien, à quelques pas de chez eux. On y retrouve l’essentiel de la gamme de la marque, la possibilité de commander en magasin et de venir retirer sa commande le lendemain.
Ikea s’adresse aussi aux citadins
Le géant suédois s’approprie lui aussi les centres-villes, avec des boutiques qui n’en sont pas vraiment.
Sur place : rien à acheter. Il s’agit d’ateliers de conception et commande, dans lesquels il est possible de planifier un projet cuisine, commander des produits tout en bénéficiant des conseils des équipes, récupérer des commandes.
Evergreen Garden Care propose une expérience client ultra personnalisée
Evergreen Garden Care a signé un partenariat avec PlantSnap, la première application de reconnaissance de végétaux. Une collaboration qui permet à Evergreen Garden Care d’accompagner ses clients dans l’entretien de leur jardin.
Les utilisateurs de l’app peuvent toujours prendre des plantes / fleurs / arbres en photo, et ils bénéficieront maintenant d’informations et conseils essentiels de culture et d’entretien. La marque s’inscrit dans le quotidien de ses utilisateurs de manière plus durable.
Jardinage et DNVB
Les DNVB spécialisées dans la vente de fleurs et de plantes se sont multipliées ces dernières années. Elles ont démocratisé la vente de fleurs et de plantes en ligne. Bye bye le site Interflora des années 2000, bonjour les sites chiadés regorgeant de tutos et de photos lifestyle.
Chez Bloomscape, tout est pensé pour les nouveaux jardiniers urbains, jusqu’aux filtres : “Low-maintenance plants”, “Low light plants”, “Pet-friendly plants”. La marque propose aussi des kits de rempotage, idéal lorsque l’on débute.
Bergamotte propose des abonnements, pour recevoir un bouquet à domicile chaque mois. La box beauté, version plantes vertes. La marque a récemment élargi son offre et propose des plantes d’intérieur et d’extérieur sur son site.
Les tendances émergentes sur le marché du bricolage et du jardinage
Avoir des plantes plutôt que des enfants
Les “plant mom” (oui, elles ont un nom) se reconnaissent facilement : leur intérieur ressemble à une jungle et elles savent prononcer “pilea peperomioides“ du premier coup sans bégayer.
Plus faciles à « entretenir » qu’un enfant ou qu’un animal de compagnie, les plantes sont la nouvelle lubie de la gen Z. Un intérêt né pendant la pandémie : pour beaucoup, s’occuper d’une plante, prendre soin d’elle, la voir grandir et noter son évolution a constitué un passe-temps salvateur.
Pour répondre à ce besoin ambivalent de reconnexion à la nature et de photos de plantes instagrammables, des applications comme Planta ont vu le jour : l’app vous envoie des rappels au moment d’arroser, de fertiliser, de vaporiser et de rempoter vos plantes (que vous aurez préalablement ajoutées dans l’application).
Le micro-jardinage : nouveau hobby urbain
Ikea, précurseur en bricolage et jardinage, avait proposé en 2016 des kits de culture d’intérieur. Pour des végétaux ne nécessitant ni terre, ni soleil. Des mini-serres destinées à démocratiser le jardinage dans des studios parisiens de 15M2. Pour les consommateurs, c’est la possibilité d’avoir des produits frais et de s’offrir le plaisir de la récolte, même en pleine ville.
Aujourd’hui, il existe des micro-jardins contrôlables par la voix avec Alexa, l’assistant vocal d’Amazon. Pour une expérience du jardinage gamifiée et simplifiée à l’extrême.
Cueillette sauvage et cosmétiques
Surfant sur la conscience écologique grandissante des consommateurs, de plus en plus de marques activent l’option chasseur-cueilleur et misent sur la cueillette et l’artisanat sauvage. La beauté est repensée en profondeur, la slow beauty laisse place à la clean beauty et… aux plantes sauvages. Pour les marques, les consumer journeys se doivent plus oniriques et plus émotionnels.
Pour surfer sur la tendance du retour aux sources, des produits cultivés soi-même, les marques de cosmétiques fabriqués à base d’ingrédients issus de la cueillette sauvage fleurissent.
Fat and the moon est une marque américaine. Elle commercialise des produits de beauté naturels à base de plantes. Ce qu’on peut lire sur son site est plus édulcoré : elle utilise des plantes médicinales dans ses recettes ancestrales d’herboristerie, pour créer des potions d’apothicaires qui vous aideront à prendre soin de vous et à soigner vos blessures, au corps et à l’âme.
Pionnière en France, On The Wild Side est une marque qui créé des produits cosmétiques à base de plantes issues de la cueillette sauvage. “Revenir à l’essentiel et se reconnecter au sauvage – On The Wild Side nous mène droit vers la part inexplorée de notre beauté originelle”.
Cottagecore : s’habiller comme Laura Ingalls, le nouveau cool
Autre tendance émergente, le cottagecore.
Avant le confinement, quand l’envie nous prenait de tout quitter, c’était généralement pour partir s’installer au bout du monde. À Bali de préférence, cheveux ondulés et pieds dans le sable. Depuis la crise sanitaire, c’est la vie à la campagne qui attire : tarte aux pommes, soirées crochet et longues robes à fleurs. S’il séduit autant, c’est parce qu’il s’agit d’un mode de vie qui invite à prendre son temps, à cultiver soi-même son jardin, à essayer des activités manuelles, le tout en se reconnectant à la nature.
Une façon de reprendre le contrôle, en se rapprochant de l’autonomie et en s’éloignant de nos modes actuels de consommation. Une idéalisation de la vie à la campagne qui démontre un besoin de se recentrer sur l’essentiel.